Tour d’horizon de l’emploi industriel en Limousin

La contribution du secteur de l’industrie à la décarbonation de l’économie est essentielle pour atteindre l’objectif national de neutralité carbone à l’horizon 2050. L’industrie manufacturière représente en effet près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre de la France. Et l’on estime que le secteur devra réduire ses émissions d’équivalent CO2 de 3,1 à 3,7 millions de tonnes par an d’ici 2030.

Pour éviter la dégradation de l’environnement, l’industrie doit aussi tenir compte de l’épuisement des ressources et donc contenir sa consommation de matières souvent rares et onéreuses, mais aussi ses prélèvements en eau. Elle doit également réduire son impact en termes d’artificialisation des sols.

À côté des enjeux environnementaux, le secteur est soumis à de fortes contraintes économiques. Il est en effet très exposé à la concurrence de pays à bas coûts, souvent peu regardants sur les conditions environnementales et sociales de production. 

Un nombre d’emplois longtemps en baisse

Rejouer le scénario qui a prévalu entre 2000 et 2015, celui de fermetures ou de délocalisations d’établissements, serait dévastateur pour le maintien des services et donc de la population dans les territoires les plus fragiles. Une partie des pertes d’emploi industrielles subies au cours de cette période a pu résulter d’un recentrage sur le cœur de métier qui a profité au secteur des services marchands. Mais cette tendance ne saurait expliquer l’ampleur de la baisse de l’emploi industriel observée en France (- 22% entre 2000 et 2015), encore moins en Limousin (-28%).

Malgré cette hémorragie, on dénombrait encore 1800 établissements industriels employeurs en Limousin fin 2021, dont le tiers occupe 10 salariés ou plus et une soixantaine 100 ou plus. Au total, on estime à 35 5001 le nombre de personnes travaillant dans l’industrie limousine fin 2021, soit 12,2 % de l’emploi total. En proportion, c’est la Corrèze qui est le département le plus industrialisé du Limousin avec 13,7 % d’emplois industriels. 

La communauté urbaine de Limoges Métropole et la communauté d’agglomération du Bassin de Brive concentrent près de la moitié de l’emploi industriel du Limousin. Mais ce sont les communautés de communes de Porte Océane du Limousin (26,7 % d’emplois industriels dans le total des emplois), du Pays de Lubersac – Pompadour (25,3 %), de Ventadour – Egletons – Monédières (21,7%) et de Midi Corrézien (21,1 %) dont la vocation industrielle est le plus affirmée.

Des secteurs industriels spécifiques

Bien que son poids relatif soit assez voisin de celui de la métropole (11,4% des emplois), le portefeuille d’activités industrielles du Limousin s’en distingue sensiblement. 

Quatre secteurs industriels sont nettement sur représentés sur le territoire de l’ancienne région comparativement à la moyenne française ; il s’agit de l’Industrie du papier – carton (4 fois plus), du travail du bois et de la fabrication d’articles en bois (3,6), de la fabrication d’équipements électriques (2,5) et de l’industrie du cuir et de la chaussure (2,5). Il faudrait également citer certaines industries spécialement représentées à l’échelon départemental, telles que la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques (céramique), l’habillement et l’imprimerie en Haute-Vienne, la fabrication de machines et équipements et la fabrication de meubles en Creuse ou encore la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques en Corrèze.

Enfin, malgré leur première place au sein de l’industrie limousine avec 6500 salariés, et leur surreprésentation en Corrèze, les industries alimentaires occupent une place similaire à la moyenne nationale.

L’industrie dans son ensemble semble retrouver des couleurs depuis quelques années comme en témoigne globalement la stabilisation de ses effectifs et les annonces récentes d’embauches dans quelques fleurons du secteur du luxe en Limousin. Cependant, au-delà de l’exposition à une concurrence nationale et internationale impitoyable et des difficultés rencontrées pour recruter une main d’œuvre qualifiée, le secteur devra à court terme faire face à des enjeux environnementaux de plus en plus prégnants.

Un secteur face à des enjeux systémiques

Le travail du cuir, l’industrie du papier-carton ou encore l’industrie laitière seront exposés aux risques de pénurie d’eau et pour le moins à la nécessité de réduire leurs prélèvements. D’autres industries par nature très émettrices de C02, telles que la céramique et les produits réfractaires, devront réduire drastiquement leur empreinte carbone et aussi leurs coûts de production énergétiques.

La connaissance des spécificités territoriales sera donc déterminante pour cibler et prioriser les politiques d’adaptation du tissu industriel régional à l’ensemble de ces enjeux.

Un article suggéré par Nicolas, rédigé par Michel, corrigé par Chloé, illustré par Lucile.


  1. Source : estimations d’emploi – Insee. Les données par EPCI sont issues des recensements de population réalisés par l’Insee en coopération avec les communes (dernière année disponible : 2020) et calées sur les estimations d’emploi. ↩︎
Retour en haut