Le vélo, la santé, la transition… et le bonheur !

Cet article est le second de la série écrite en partenariat avec le journal local indépendant Mefia Te !, pour aborder les sujets des transitions au fil de ses quatre prochains numéros. Vous pouvez le retrouver dans le numéro 21 du journal, à l’occasion du dossier consacré aux sports en tout genre.

Les mobilités douces telles que le vélo et la marche à pied offrent une opportunité précieuse pour réduire la dépendance à la voiture. Pour notre association, ce rééquilibrage face au tout-voiture présente de nombreux avantages, tant sur le plan environnemental, économique, sanitaire que social.

Actuellement, la voiture reste le premier mode de transport du quotidien des Français, utilisé pour 62,8 % des déplacements1. L’écrasante majorité des trajets de 2 à 5 km, 70%,  sont faits en voiture, bien que l’usage de la marche à pied ait légèrement augmenté, ces dernières années,pour atteindre 23,7 % des déplacements. Le vélo, quant à lui, représente encore une part marginale avec 2,7 % des déplacements seulement, avec deux obstacles majeurs bien connus des Bas-Marchois : le manque d’infrastructures dédiées au vélo et la question de sécurité. 

En remplaçant certains trajets en voiture par le vélo et la marche à pied, les habitants du Limousin pourraient pourtant considérablement diminuer leur empreinte carbone, améliorer leur santé, et réduire la dépense publique.

À l’échelle individuelle, c’est le changement de pratique qui a le plus grand potentiel de réduction de notre impact climatique. Les déplacements motorisés sont, en effet, une source majeure de pollution de l’air et de gaz à effet de serre. Les émissions de carbone d’un déplacement à vélo ou à pied sont nulles, comparées aux 217 gCO2e par kilomètre d’une voiture thermique. Même les vélos électriques, avec leurs 11 gCO2e/km, sont bien plus écologiques que les voitures électriques (103 gCO2e/km)2

Manifestation pour le climat à Genève le 6 avril 2019. Pont du Mont-Blanc. « Au boulot à vélo plutôt qu’au fitness en auto ! ». ©MHM55 / Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license

D’autre part, les avantages les plus marquants des mobilités douces résident dans la réduction de la sédentarité, la lutte contre l’inactivité physique et l’amélioration de la santé. Chaque kilomètre parcouru à vélo épargnerait 1€ de coûts sociaux de santé3 ! En intégrant ces modes de transport dans notre quotidien, nous pouvons donc tous améliorer notre condition physique et notre bien-être général. L’activité physique régulière est un déterminant majeur de la santé, contribuant à réduire les risques de maladies non transmissibles telles que les maladies coronariennes, le diabète de type II, et certains cancers. Ainsi les mobilités douces, en combinant activité physique et temps passé à l’extérieur, permettent une amélioration cardiovasculaire, un renforcement musculaire, une amélioration de l’endurance et de la résistance, le contrôle du poids, une réduction du stress et l’amélioration de l’humeur, le renforcement du système immunitaire, l’augmentation de la coordination et de l’équilibre, une réduction du risque de maladies chroniques et une amélioration de la qualité du sommeil. De plus, cette activité physique peut retarder ou éviter l’institutionnalisation des personnes âgées en maintenant leur autonomie et leur forme physique et mentale4.

Quand on sait que l’un des principaux facteurs d’inactivité physique chez l’adulte est le manque de temps, remplacer son déplacement quotidien motorisé par une mobilité douce comme le vélo, lorsque la distance le permet, est un moyen de pratiquer une activité physique sans complètement désorganiser ses habitudes de vie. C’est là qu’un nouveau frein peut apparaître : le manque criant d’infrastructures dédiées au vélo. En Basse-Marche, les pistes cyclables sont peu nombreuses et souvent mal entretenues, la cohabitation avec les voitures hors agglomération est loin d’être simple, tandis que la sécurité est une préoccupation majeure pour les cyclistes. Ceci décourage de nombreux habitants de choisir le vélo comme mode de transport principal ou même de se déplacer à pied, y compris pour des trajets courts. Les modifications structurelles nécessaires à la transition vers ces mobilités douces sont pourtant connues : mise en place d’aménagements cyclables protégés, de zones à vitesse réduite, de chemins piétons sécurisés, ombragés et accessibles aux personnes à mobilité réduite, création de parkings à vélos sécurisés et de bornes de recharge pour vélos électriques…

Pour les Bas-Marchois devant se rendre régulièrement à Limoges – tout simplement car la métropole concentre une bonne partie des services, commerces, équipements et emplois – la mobilité moyenne distance est un second enjeu de taille. En Haute Vienne, 55,6% des actifs en emploi vivent dans une autre commune que celle où ils travaillent5 ! De plus, les données montrent que 17,5 % des ménages du département ont des difficultés financières  liées à aux mobilités quotidiennes en voiture : les coûts liés au carburant, à l’entretien d’une voiture et aux assurances sont substantiels. L’utilisation combinée du vélo, de la marche et d’un réseau de transports en commun efficace et adapté pour les déplacements quotidiens est à l’inverse économiquement avantageux, d’autant plus que les vélos nécessitent moins d’entretien et ont une durée de vie plus longue. 

Tout cela souligne l’importance de développer des alternatives de transport plus économiques, durables et accessibles sur notre territoire, en réfléchissant à l’échelle locale (pour relier les points d’intérêt) comme à l’échelle élargie (pour organiser l’intermodalité). Les habitants de la Basse-Marche pourraient ainsi facilement se rendre à leur lieu de travail ou d’autres destinations quotidiennes incontournables. L’urgence de cette réflexion et de sa mise en place est accentuée par la raréfaction des ressources en pétrole et la hausse des prix des carburants impactant en premier lieu les plus fragiles, soulignant la nécessité d’accroître la résilience de nos systèmes de transport en adoptant des solutions plus durables. Et des pistes concrètes existent ! Pour ne citer qu’un exemple sur notre territoire, le projet TramTrain Limousin, soutenu par l’association “Bon Sens Paysan », vise à développer un réseau de tram-trains reliant les zones rurales à Limoges. Les gares desservies par le TramTrain Limousin en Basse-Marche incluraient Le Dorat, Bellac et Vaulry, facilitant l’accès à Limoges pour les résidents de ces communes.

Récapitulons : les mobilités douces présentent des avantages environnementaux, économiques et sanitaires significatifs pour les habitants de la Basse Marche, comme pour tous les Français. Cerise sur le gâteau, selon l’OMS, l’activité physique régulière est aussi directement liée à une augmentation du bonheur6. Avec l’exemple du choix de mobilités douces pour ses déplacements, on peut donc dire qu’entrer dans un démarche de transition, c’est faire le choix de cercles vertueux dont le premier bénéficiaire est soi-même. 

Bénéficions des mobilités douces, optons pour la transition et… soyons heureux.

Un article écrit par Sébastien, Clothilde & Fanny, amendé par Lucile, relu par Eric

  1. Enquête sur la mobilité des personnes. Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Commissariat général au développement durable, Service des données et études statistiques. https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/mobilite-des-personnes?rubrique=60 ↩︎
  2. Convertisseur ADEME. https://impactco2.fr/ ↩︎
  3. The untapped health and climate potential of cycling in France: a national assessment from individual travel data. Emilie Schwarz, Marion Leroutier, Audrey De Nazelle, Philippe Quirion, Kévin Jean. The Lancet 2024. https://www.thelancet.com/journals/lanepe/article/PIIS2666-7762(24)00040-1/fulltext#secsectitle0010 ↩︎
  4. Activité physique et santé. Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités.  https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/article/activite-physique-et-sante ↩︎
  5.  Fiche indicateurs de Haute Vienne. Observation Régional de Santé de Nouvelle Aquitaine : https://www.ors-na.org/wp-content/uploads/2023/12/87-Dep_Haute-Vienne.pdf ↩︎
  6. L’activité physique dans l’UE : des politiques qui rendent heureux. Organisation Mondiale de la Santé. https://www.who.int/europe/fr/news/item/10-05-2023-physical-activity-in-the-eu–policies-that-make-people-happier ↩︎

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